Puisque les destinations vers l’Espagne, le Mexique ou Bali ne sont pas possibles pour cause de pandémie, c’est le bon moment pour redécouvrir la France, loin des grandes destinations touristiques, sur la route qu’empruntaient nos parents et grands-parents en période estivale. La campagne commune pour soutenir le tourisme et mettre en valeur la beauté et la diversité des villages français ruraux lancée par Airbnb, Getaround et l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF) rend le voyage simple, amusant et inattendu.
Nationale 7 Route des vacances
« Route des vacances
Qui traverse la Bourgogne et la Provence
Qui fait d’Paris un p’tit faubourg d’Valence
Et la banlieue d’Saint-Paul-de-Vence
Chasse les aigreurs et les acidités
Qui font l’malheur des grand’s cités
Toutes excitées.
On chante, on fête
Les oliviers sont bleus ma p’tit’ Lisette
L’amour joyeux est là qui fait risette
On est heureux Nationale 7 »
Après avoir pris la décision de parcourir la Route Nationale 7 (RN7) et de découvrir ses environs, je trouve sur le site d’autopartage Getaroud, parmi les 5000 véhicules disponibles en autopartage, connectés, stationnés et disponibles 24/24 et 7/7 à Paris, une automobile garée à 300 mètres de mon domicile.
Pour mon voyage de quatre jours, Airbnb me propose une « foultitude » de logements à tous les prix pour les étapes choisies, allant du plus simple au plus chic, du plus original au plus classique, en passant par la cabane dans les arbres, une yourte ou encore une roulotte…
Le voyage sur la RN7 qui commence porte d’Italie me permet d’atteindre la première belle découverte de mon périple : Barbizon, village mythique de la peinture pré-impressionniste du XIXe, où les peintres venaient chercher l’inspiration auprès de la nature intacte. Une halte à Briare s’impose ensuite pour admirer le superbe pont-canal construit en collaboration avec Gustave Eiffel ainsi que l’église Saint-Etienne, remarquable pour ses décorations à base d’émaux de Briare. Un saut de puce m’amène au village voisin, La Borne, lieu de création de céramique depuis le XIIe siècle. La Borne est renommée pour sa production de poteries de grès et possède différents musées et lieux d’expositions dédiés à cet art.
En empruntant la route serpentant au milieu des vignes, je rejoins, à Sancerre, le loft réservé la veille sur Airbnb qui m’offre, comme promis, une superbe terrasse avec vue panoramique sur les vignobles du sancerrois. Avant de dîner sur la place de la célèbre cité viticole, je profite d’une dégustation du nectar local dans une des nombreuses caves que compte la ville.
La promenade de cette deuxième journée débute à La Charité-sur-Loire, sur la rive droite de la Loire. Dans cette cité monastique de la Nièvre se trouve la très belle Eglise Notre-Dame, inscrite par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité.
Au sud de Nevers, on abandonne la vallée de la Loire pour celle de l’Allier. La RN 7 est en cours d’aménagement et devrait être progressivement transformée en voie rapide ou en autoroute avant de se diriger vers Moulins. Rapidement je me rends compte de la difficulté de retrouver la fameuse route, qui de nos jours peut s’appeler D7, ou 207, 707, 307 voire 1007 et devenir départementale ou voie expresse … Merci à mon GPS.
A Moulins, la pause déjeuner s’impose au Grand Café considéré comme l’un des plus beaux cafés de France. Coco Chanel (qui s’appelait encore Gabrielle Chasnel) le fréquentait lorsqu’elle travaillait dans une mercerie située à moins de 200 mètres de là. Depuis les années 1990, le chef-lieu de l’Allier, n’est plus traversé par la RN7, mais contourné.
A Saint-Loup, inutile de chercher le musée dédié à la route nationale 7, le patron du relais de la Route Bleue, connu comme une fameuse étape à la belle époque de la RN7, m’a informé rigolard qu’il était fermé depuis belle lurette.
Un stop est immanquable à La Palisse, ville emblématique pour ses embouteillages des années 60, l’époque d’avant autoroutes, et surtout pour son magnifique château perché au-dessus de la « cité des vérités » (autre nom donné en l’honneur du célèbre Monsieur de La Palisse).
Je m’écarte de la route pour rejoindre Saint-Forgeux afin de passer la nuit sous une traditionnelle yourte plantée à flanc de colline dans le cadre champêtre du Clos du Jubin. Après le dîner, dans la maison des hôtes, je rejoins mon extravagante chambre à coucher, plantée en pleine nature pour une nuit mongole.
Après des rêves de steppes, la troisième journée de mon excursion touristique me fait passer par Roanne. Croisant le prestigieux restaurant Troisgros fondé en 1930, je me rappelle que la France rurale est non seulement celle des châteaux, des musées et des paysages grandioses mais aussi celle de la bonne chère et des produits de qualité. L’arrêt sur le marché d’un village avant d’atteindre Saint-Etienne me donne l’occasion de m’intéresser à la production locale et d’acheter quelques fruits, charcuteries et fromages pour un pique-nique comme le faisaient les anciens lors des transhumances vacancières sur le bord de la nationale.
Après mon déjeuner sur l’herbe, j’entame une visite de Saint-Etienne et de son musée d’art moderne et contemporain. La ville des verts, connue auparavant comme la ville française des armes et du cycle, est devenue méconnaissable. Elle s’est engagée dans une rénovation urbaine visant à la faire passer du stade de cité industrielle héritée du xixe siècle à celui de « capitale du design » du xxie siècle. Cette conversion lui a valu d’entrer dans le réseau des villes créatives de l’UNESCO en 2010.
La route escarpée et parfois dangereuse de l’Ardèche suit les méandres de la vallée du Doubs. Elle me conduit à Boucieu-le-Roi, village de caractère du XVIe siècle, situé au cœur d’un vallon verdoyant possédant de nombreux sites touristiques à découvrir : églises, châteaux… Boucieu-le-roi est le point de départ du train de l’Ardèche avec sa locomotive à vapeur qui serpente, pour la plus grande joie des touristes, parmi les monts du Vivarais. La ligne ferroviaire héberge également un service de vélorail pour les plus sportifs des visiteurs.
Avant de rejoindre mon logement, je fais une halte dans un restaurant du village le « Petit Bouciu » qui me propose un menu unique en mettant à l’honneur les produits locaux de saison. La roulotte que j’ai réservée sur Airbnb m’attend, stationnée sur une colline dominant le village. Comme promis, elle est équipée de toutes les commodités et pour une nuit, le « gadjé » (non-tsiganes) que je suis, deviendra pour quelques heures un bohémien nomade.
Après une longue et bonne nuit dans la maison ambulante, le temps est venu de reprendre le chemin en direction de la dernière escale de ma promenade. Je quitte l’Ardèche et rejoins la RN7 sur la rive gauche du Rhône dans la Drome à Tain l’Hermitage où la visite gourmande est inévitable à Valrhona, la cité du chocolat. Les maîtres torréfacteurs, concheurs et assembleurs me font découvrir leur rituel immuable qui transforme la matière cacao en délicieux chocolat.
La route, bordée d’arbres fruitiers, me conduit au point final de ma petite virée vers le sud dont Valence est la dernière étape. La ville, que l’on désigne aussi de « la porte du Midi de la France » regorge de nombreux vestiges des époques médiévales, renaissances et des XVIe et XVIIIe siècles. On y trouve notamment la cathédrale Saint-Apollinaire, la fontaine monumentale ou encore la maison des Têtes. Ces nombreux monuments historiques se trouvent pour la plupart dispersés dans les rues ombragées du vieux Valence.
Je décide de terminer mon échappée, attablé au restaurant André, de la cheffe étoilée Anne-Sophie Pic afin de conclure dignement ces trop courtes journées de liberté.
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